Pourquoi les enfants sont-ils agressifs ?
- Dembatiguiya
- 31 déc. 2020
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 janv. 2021

Aucun parent ne souhaite avoir un enfant violent, que ce soit dans son enfance, dans son adolescence ou sa vie d’adulte. La violence est le sentiment de colère sous sa forme la plus destructrice et la plus intense. Elle a pour but de nuire physiquement. C’est un comportement révélateur d’un mal être plus profond tel qu’une frustration ou un besoin non respecté.
L’agressivité selon l’âge
Dans la période où l’enfant ne parle pas encore, toutes ses émotions s’expriment à travers son corps, sa motricité et ses mimiques. En somme, la totalité de son être est en mouvement lors de ses communications, sources des premières constructions de son cerveau. Durant les premières années de sa vie, l’enfant découvre qu’il ne peut pas obtenir tout ce qu’il désire. Il doit se plier à des règles qu’il n’a pas choisies, dont il ne comprend pas la nécessité et qu’il estime injustes. Chez les enfants de moins de 2 ans, l’agressivité s’exprime par des coups. L’enfant n’est pas encore en âge d’utiliser la parole pour exprimer ses désirs et ses sentiments. On parle alors d’impulsions : « Je veux, je prends », « Je suis frustré, je frappe ou je mords ». A partir de sa deuxième année, il affirme son autonomie et répond systématiquement « non » lorsqu’il est en colère. Après 3 ans, l’agressivité diminue peu à peu car l’enfant comprend le pouvoir des mots. Il développe une agressivité plus verbale, se rend compte qu’il peut négocier, menacer et arriver à ses fins par la parole. Si l’agressivité persiste en se transformant en violence, il faudra en chercher les causes et adapter notre conduite afin d’aider notre enfant à maitriser ses émotions. C’est ce qu’on l’appelle l’intelligence émotionnelle.
Comment un enfant devient-il-violent ?
Aucune étude scientifique n’indique que certaines personnes sont violentes de naissance. On est plutôt dans le domaine de l’acquis. Un enfant devient violent pour diverses raisons.
Il se sent rejeté ou il est en manque d’attention. Il arrive que l’agressivité soit due à la souffrance engendrée par un manque d’affection. C’est un enfant à qui l’on ne donne peut-être pas suffisamment attention. L’arrivée d’un bébé dans la famille, par exemple, peut être source d’angoisse et de frustration. Pour se faire remarquer, il frappe volontairement car être réprimandé lui permet d’exister. L’enfant cherche à s’imposer coûte que coûte.
Il manque de confiance en lui, l’attaque est sa défense.
Il est témoin ou victime de violence chez lui. Une ambiance violente ou des relations difficiles avec les membres de sa famille sont pour lui des signes que l’agressivité est une composante habituelle de la vie et un moyen de communication. Si chez lui les parents se disputent beaucoup ou l’un des parents est coléreux, punit facilement par des fessées ou par des coups, l’enfant aura tendance à reproduire ce mode de relation à l’extérieur. Taper et attaquer devient alors pour lui un moyen d’extérioriser sa frustration et de se décharger de la pression subie à la maison.
Les adultes cèdent lorsqu’il devient agressif.
Il a compris que l’agressivité lui ouvre des portes et cela le conforte dans son attitude. La violence devient ainsi une manière d’exprimer son existence et son identité. Par exemple, si un enfant frappe sa mère parce qu’elle refuse de lui acheter un jouet, et que sa mère finit par céder, l’enfant apprendra que frapper est un bon moyen de manipuler sa mère.
Ses parents ne lui posent pas de limites. L’enfant n’est pas “contenu” : une éducation trop laxiste, sans repères. Libre, il détient le pouvoir sans en connaître les limites.
Il est malmené à l’école. Il est sujet à des moqueries ou à des insultes et répond à ces humiliations par la brutalité. Des études ont d’ailleurs montré que dans les premières années du primaire, les enfants les plus violents étaient ceux qui étaient le plus rejetés par leurs camarades. Le problème c’est qu’en devenant brutal, cela ne fait qu’amplifier le phénomène, les entraînant dans un cercle vicieux.
Ses parents lui interdisent d’extérioriser les sentiments violents qu’ils traversent. Ils veulent l’apprendre à étouffer et à refouler ses sentiments. Mais c’est impossible car l’enfant sera visuellement gentil et doux pendant que son intérieur bouillonnera d’émotions violentes, prêtes à exploser à tout moment. Dans « tout se joue avant 6 ans », l’auteure raconte l’histoire d’un jeune étudiant tranquille et obéissant, qui aspirait à devenir pasteur. Malheureusement, il tua ses parents à coups de pistolets. Personne ne savait la souffrance qui se cachait en lui. Il faut accorder à son enfant un moyen inoffensif de décharger les tensions qu’il a en lui (plus de détails plus bas).
Faire la distinction entre actes de violence et sentiments de violence La colère est un sentiment. La violence est une action. Imaginons deux enfants qui jouent. L’un d’eux désire un jouet mais l’autre enfant refuse de le lui donner. Le premier enfant saisit l’objet et lui frappe avec rage et colère. C’est une action violente. Les sentiments (même très intenses) sont différents car nous ne pouvons pas les contrôler. Une émotion peut surgir spontanément dans notre esprit : joie, tristesse, colère, amour, frustration. D’ailleurs, même adulte, nous arrivons à nous mettre dans des états de colère intense ; parfois envers nos propres enfants. De la même façon que nous ne pouvons pas contrôler nos propres sentiments, nous ne pourrons pas contrôler ceux de nos enfants. Cependant, il est possible de les empêcher de commettre des actions violentes et de canaliser leurs sentiments négatifs. La violence est le pire des moyens pour régler un conflit, que l’on soit mari,femme, enfant, parent ou voisin. Alors, pour éviter cela, nous devons apprendre à nous maitriser et montrer à nos enfants comment dompter les sentiments de violence pour ne pas arriver aux actes de violence. Nous pouvons commencer par leur apprendre les valeurs positives de l’amour et de la compassion envers les autres.
Comment réagir ?
Nous ne devons jamais tolérer que notre enfant nous frappe, ou fasse du mal à n’importe quelle autre personne. Dire non à l’enfant et lui imposer des limites fermes est très important dans l’éducation. Cela n’implique pas forcément que l’enfant doit recevoir une fessée. Mais il n’est pas mieux non plus de faire l’autruche et d’ignorer le comportement négatif.
Intervenir lors du comportement négatif Si notre enfant frappe, mord ou donne des coups de pieds, il faut le prendre dans nos bras, le tenir fermement et l’immobiliser. Puis le regarder bien dans les yeux et lui dire avec posément : « Tu ne dois pas frapper ton ami.Tu peux lui dire que tu es en colère, mais tu ne le frappes pas ! ». Expliquez-lui qu’il est inacceptable et inadmissible de frapper les autres, que l’agressivité n’est pas un mode de communication. Cette éducation requiert tout de même beaucoup de patience car certains enfants auront besoin de plusieurs mois pour apprendre à contrôler leurs impulsions. Mon fils de 1 an a pris au moins six mois avant de pouvoir ressentir une frustration et se retenir de frapper. Nous lui avons donné beaucoup d’amour, et appris à être doux avec les autres. Aujourd’hui, il inonde notre entourage de son amour.
Donner le bon exemple Notre enfant reproduit le schéma qu’il voit à la maison. Adoptons nous-même un comportement pondéré et serein en cas de désaccord avec lui ou avec les autres enfants ou adultes. Il constatera ainsi que l’agressivité n’est pas la seule réponse à un conflit.
Anticiper les futures disputes Si vous vous rendez à un endroit où votre enfant se retrouvera face à d’autres, faites-lui un débrief à l’avance – une très brève discussion pour lui rappeler les règles de la vie en communauté. ” Sois gentil avec les enfants. Si tu commences à frapper ou à blesser tes amis, ils ne voudront plus jouer avec toi et nous serons contraints de partir.”
Les activités Lui proposer une activité sportive ou artistique peut être un bon moyen de canaliser une énergie débordante et lui servir de défouloir.
Lui donner des règles Poser des limites très claires à son enfant le plus calmement et fermement possible, sans se mettre en colère. Il doit apprendre les règles de vie en société.
Lui faire demander pardon Demandons-lui de s’excuser auprès de la personne frappée afin de lui apprendre à respecter les autres. Faisons appel à son empathie en lui expliquant qu’il fait mal en tapant l’autre.
Le féliciter Un enfant agressif est plus souvent réprimandé et accusé que complimenté. N’oublions pas de le féliciter lorsqu’il adopte une attitude adaptée à une situation dans laquelle il a pu ressentir de la frustration. L’encourager dans ses progrès lui permettra de regagner confiance en lui et le confortera dans ses changements de comportement.
Accorder à son enfant un moyen inoffensif de décharger ses tensions
Soyons à son écoute pour lui permettre de vider le trop-plein d’émotions qu’il traverse. L’aider à mettre des mots sur ses sentiments l’aidera à diminuer son agressivité et nous permettra de comprendre les raisons de son comportement. Laissons-le s’exprimer à cœur ouvert.
Lors d’une crise de nerf, prendre son enfant dans ses bras permet de diminuer le cortisol (l’hormone de stress) et de calmer les tensions dans le corps.
Il peut marcher et bouger. Le mouvement permet d’évacuer les tensions et de se changer les idées.
Pour les plus grands, la respiration profonde peut être une solution car elle ralenti les pulsations cardiaques, ce qui apaise le corps et l’esprit.
Certaines personnes proposent de frapper dans un oreiller ou un punching ball. Je ne suis pas adepte de cette méthode, mais chacun est libre de choisir les options qu’il désire.
Redoubler d’amour L’un des meilleurs antidotes contre la violence, c’est l’amour. Les adultes violents et remplis de haine sont des personnes complexées qui ont été privées de véritable affection pendant leur enfance. Si nous désirons que nos enfants deviennent des adultes pacifiques, il est important qu’ils apprennent à s’aimer et à aimer autrui. Etablissons avec eux des relations saines remplies d’amour.
Cultiver en eux l’altruisme Expliquer à notre enfant l’importance des valeurs positives comme la compassion, l’entraide, l’affection, la tolérance, le partage et l’empathie.
L’agressivité envers lui-même Parfois un enfant retourne sa violence contre lui. Il a peut-être compris que se faire du mal déstabilise les adultes et utilise ce moyen pour amener ses parents à changer d’avis. Si le parent feint de ne pas le voir, il arrêtera assez rapidement de se faire mal. Il est encore une fois important de comprendre les raisons de ce comportement violent pour pouvoir apporter l’aide nécessaire.
En résumé Une certaine agressivité chez les enfants fait partie de leur développement. Il n’y a pas lieu de dramatiser pour un coup de pied ou une morsure. Il faudra bien évidemment réagir et expliquer que ce n’est pas la bonne attitude, mais cela ne signifie pas que notre enfant est violent et qu’il le sera toute sa vie. En revanche, si ce comportement est récurrent et que notre enfant n’arrive pas à maitriser ses émotions et ses colères, sa souffrance psychique peut être importante. Dans ce cas, il est conseillé de s’adresser à un spécialiste. Si vous faites tout votre possible pour améliorer une situation et que vous sentez être dans une impasse, ne culpabilisez pas. Certaines choses prennent du temps et de la patience pour se mettre en place. Relayez-vous avec votre conjoint pour prendre des pauses. Parlez de vos soucis et de vos craintes à des personnes de confiance. Ne restez pas seule, demandez de l’aide et il n’y a pas de raison pour que la situation ne s’améliore pas. Bon courage.
Dembatiguiya ...
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